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15 janv. 2010

MICHI

Au Japon, la pratique d'un art a en effet une dimension généralement inconnue en occident. Reposant sur des valeurs et des idéaux tant spirituels qu'esthétiques, la pratique d'un Art est une véritable "Voie", un cheminement ayant pour objectifs la sérénité, l'harmonie du corps et de l'esprit et ultimement, tout comme le Zen avec lequel les Arts sont au Japon en relation étroite, la connaissance et la maîtrise de soi-même, la vérité et la prise de conscience de la place de l'homme dans l'univers.

La concentration permet à l'homme de ne pas se disperser au cours de la réalisation d'une tâche et ainsi de ne pas gaspiller inutilement son énergie. La concentration est donc essentielle dans la pratique d'un art qui se rapproche ainsi de la méditation. La maîtrise du geste minimal, précis passe par la maîtrise de soi-même... Il ne s'agit pas de pratiquer l'Art pour l'Art ou l'Art au service d'une idée mais plutôt l'Art au service d'un développement personnel et spirituel comme moyen d'accomplissement.

L'acte créatif doit être un acte spontané, naturel que des années de pratique assidue permettent d'exécuter sans effort, en suivant et en utilisant les flux de nos énergies internes. L'accent est mis sur l'instant et le dynamisme: l'attention est dirigée vers l'action juste le temps nécessaire et cette action est achevée avant de passer à la suivante. Pas d'aller et venue inutiles: il s'agit d'aller "droit devant soi". Si ce principe est particulièrement évident dans le cas des Arts martiaux, il est également mis en pratique dans un art tel que la calligraphie, où un caractère droit doit être peint en un seul souffle et où tout retour en arrière ou correction sont impossibles. C'est d'ailleurs cet acte, ce processus de création, qui est important plus encore que le produit ou le résultat final. De même, les voies du Japon font fi des détails inutiles, ce qui est particulièrement évident lorsqu'on contemple une œuvre "sumie" (peinture à l'encre) ou un arrangement floral, où seul l'essentiel est suggéré et où les espaces vides ont aussi valeur d'expression. On retrouve d'ailleurs cette même idée du vide créateur dans toute l'esthétique japonaise notamment dans les intérieurs.

Dernière caractéristique commune, ces arts reposent sur la transmission de Kata (littéralement "moules") c'est à dire un registre de motifs ou de gestes. Ces Kata sont transmis par un apprentissage auprès d'un maître, l'accent est mis sur la pratique avec sagesse beaucoup plus que sur le discours: il s'agit plutôt d'une initiation où le professeur ne fait que transmettre un savoir sans qu'il en soit lui-même à l'origine et c'est seulement à force de pratique que l'élève (ou le disciple) peut espérer se rapprocher d'un idéal et peut-être devenir maître à son tour.

Au Japon, on n'étudie pas un art pour l'amour de l'art mais pour les clartés spirituelles qu'il dispense. Si l'art s'arrête à la forme extérieure, s'il ne conduit pas aux profondeurs essentielles, autrement dit, s'il ne devient pas une forme de spiritualité, le Japonais ne l'estime pas digne d'être étudié.

JCE

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